Laurent Wauquiez, ancien farouche opposant d’Emmanuel Macron, s’avance aujourd’hui avec Bruno Retailleau pour présenter un « pacte législatif d’urgence ». Un tournant stratégique pour la Droite républicaine (DR) qui soulève des interrogations sur l’indépendance de ce parti, à peine un an après la scission d’avec Eric Ciotti et son alliance avec l’extrême droite.
Un pacte pour éviter le blocage du pays
Le 22 juillet 2024, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau ont dévoilé un pacte législatif visant à « empêcher le blocage du pays ». Ce pacte, composé de treize textes, met en avant les lois que la droite est prête à soutenir sans pour autant s’engager dans une coalition gouvernementale formelle. « Ce n’est pas une coalition gouvernementale : nous sommes indépendants et nous le resterons », a affirmé M. Wauquiez.
Les priorités de la droite
Le pacte législatif met l’accent sur plusieurs thèmes chers à la droite, notamment la lutte contre « l’immigration incontrôlée » et les « abus » dans les aides sociales. Parmi les propositions figurent la conditionnalité de l’accès aux aides sociales à une durée de résidence minimale, et le remplacement de l’aide médicale d’Etat par une aide médicale d’urgence. De plus, le texte propose de suspendre les aides sociales pour les délinquants et leurs parents.
Une stratégie controversée
La Droite républicaine, avec ses 47 députés, a récemment soutenu l’élection de la macroniste Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée nationale. Ce soutien a alimenté les spéculations sur un rapprochement stratégique avec la majorité présidentielle. Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire, a même proposé de contribuer à un pacte de coalition avec « la gauche et/ou la droite républicaine ». Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a également appelé à travailler avec Les Républicains sur le fond.
Une rupture avec Eric Ciotti
Ce rapprochement stratégique marque une rupture nette avec Eric Ciotti, qui a récemment noué une alliance avec le Rassemblement national. M. Ciotti critique sévèrement ce pacte, le qualifiant de « marche de plus pour devenir les supplétifs d’Emmanuel Macron ». Il prévoit de lancer une consultation parmi les militants Les Républicains pour déterminer s’ils préfèrent une alliance avec le camp macroniste ou l’extrême droite.
Une interrogation sur l’avenir
La présentation de ce pacte législatif soulève des questions sur la véritable stratégie de Laurent Wauquiez et de la Droite républicaine. Est-ce un moyen pour le parti de s’inscrire dans la majorité présidentielle, ou une tactique pour se repositionner en vue des élections de 2027 ? En jouant la carte de la collaboration avec Emmanuel Macron, Wauquiez espère-t-il affaiblir le Parti socialiste et s’assurer que le paysage politique se structure autour de trois grands blocs : la gauche radicale de LFI, le macronisme renforcé par des éléments de la droite, et le Rassemblement national ?
Le pacte législatif présenté par Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau marque un tournant significatif pour la Droite républicaine. S’il vise à éviter le blocage du pays, il soulève également des questions sur l’indépendance et l’avenir stratégique de la droite française. En se rapprochant de la majorité présidentielle, la Droite républicaine pourrait bien redessiner le paysage politique en France, en vue des prochaines échéances électorales.